< MOMENTS PHOTO N°1
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Créer et donner des effets aux photos sans Photoshop |
Mardi 3 juillet 2012 | Moments photo Par Alexandre Vandystadt, Christian Linsenmaier et Gérard Vandystadt |
Sepp Freiburghaus (Sui) lors de la Coupe du Monde UCI 2012, VTT Cross-Country. Photo © Christian Linsenmaier / Agence Regards du Sport – Vandystadt |
"Non retouchée ?!" À peine publiée sur notre page facebook, cette photo de VTT Cross Country a suscité de vives interrogations... En effet, l'image ne semble pas réelle. On pense à photoshop ! Du 18 au 20 mai 2012, se tenait la Coupe du Monde UCI à La Bresse dans les Vosges. Présent sur place pour couvrir l'événement, l’auteur photographe Christian Linsenmaier a réalisé comme à son habitude un reportage de qualité. Mais parmi les 94 photos sélectionnées par Gérard Vandystadt pour être archivées dans la photothèque de l'agence Regards du Sport, une série étonnante de clichés a retenu toute notre attention. Placé en contre-plongée d'une pente dévalée par les cyclistes lors de la compétition, Christian s'est adonné à de subtils réglages sur son boîtier Nikon. Additionnés à sa grande maîtrise de la photographie de sport, le résultat du visuel se distingue brillamment de la prise de vue sportive conventionnelle. L'effet "peinture" de cette photo est d’autant plus surprenant à l'heure où le traitement et la retouche d'images avec photoshop ou autres font légion ! C'est donc avec un grand plaisir que je vous propose de découvrir aussi la méthode utilisée et expliquée ci-dessous par Christian Linsenmaier. |
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Effectivement, même si photoshop permet certains effets, ce genre de photo était réalisable bien avant l'arrivée du numérique et de logiciels de retouche que d'ailleurs je n'utilise pas. Sur le plan matériel, la photo en question a été réalisée avec un boîtier Nikon D700 et avec une optique que je qualifierai de remarquable, un 28-70 2,8 Nikon. Pour un zoom, cette optique est fantastique. La photo a été réalisée à une ouverture de 20, cette grande profondeur de champ étant conditionnée par la volonté d'utiliser une vitesse lente, ici 1/20° de seconde. Lors de conditions d'ensoleillement importantes, il est possible d'utiliser un filtre gris neutre afin de diminuer la quantité de lumière entrante et conserver une vitesse suffisamment lente. Afin d'obtenir un maximum de chances de réussite, même si peu de photos réalisées dans de telles conditions sont réussies, j'utilise un flash, lequel permet de figer le sujet. Ainsi, tout en étant filé, le visage du cycliste dans le cas présent, est parfaitement net. Le boîtier est réglé aux fins de déclenchement du flash sur le second rideau, le déclenchement en fin de pause permettant d'éviter au maximum l'effet d'image "fantôme" devant le visage du cycliste. Par ailleurs, avec un bon réglage des paramètres, l'apport de lumière du flash reste discret tout en augmentant le rendu des couleurs de manière significative. |
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La condition majeure de réussite de ce type d'image est de suivre le sujet tout au long de la durée de la pause. En ce qui concerne l'effet de "peinture", celui-ci est aléatoire et l'effet obtenu peut être très différent d'une image à l'autre. Ceci dépend du temps de pause (je n'hésite pas parfois à descendre jusqu'au 8ème de seconde) et de la façon de suivre le sujet. L'effet peut également être encore plus fort en appliquant un coup de zoom durant la pause (image de cyclo-cross ci-dessous). |
Cyclo-cross, Grand Prix Axa Kayl au Grand-Duché de Luxembourg. Photo © Christian Linsenmaier / Agence Regards du Sport – Vandystadt |
L'effet de "peinture" est également dépendant du fond. Personnellement, j'évite les photos réalisées en sous-bois lesquelles manquent totalement de naturel, ces conditions étant également propices à un éclairage peu agréable fourni par le flash. Je privilégie donc les fonds plus colorés et la présence du ciel bleu lorsque le temps est de la partie. Les couleurs de la tenue du cycliste et de son vélo sont également très importantes, le rouge constituant dans cette photo un élément important du rendu de l'image. Cette image aurait été quelconque avec un cycliste habillé de blanc ou de noir. Dans la même catégorie d'images, j'ai réalisé cette image ci-jointe dimanche dernier avec un Nikon 14-24 2,8 réglé sur 14mm. On peut voir là aussi qu'avec de bonnes conditions de lumière, il est possible de donner de l'effet aux images en pause lente. |
Arnaud Taurelle (Fra) du Thionville VTT, catégorie Senior, lors du championnat de Lorraine de VTT cross-country (17 juin 2012) à Boust, Moselle, Lorraine. Photo © Christian Linsenmaier / Agence Regards du Sport – Vandystadt |
Voilà Alexandre. J'espère que ces explications vous seront utiles, surtout aux internautes qui s'interrogent. Je réalisais déjà ce genre d'images en diapositives à une époque où on ne parlait même encore de numérique.
D’autres photographies archivées dans la photothèque www.vandystadt.com n’échappent pas non plus aux doutes depuis la popularisation des logiciels de retouches. En effet, les techniques photographiques utilisées par les photographes de l’Agence de Presse Vandystadt depuis 1977, aujourd’hui Agence Regards du Sport, pour créer des images sportives différentes et souvent extraordinaires, ont fait et font encore l’objet d’étonnements... |
Natation, plongeon : la Française Julie Danaux, en décembre 1992, à Saint-Maur (France). Studio photo installé dans la piscine (fond de velours noir au bord du bassin : 6 x 18 m). Effet filé (flash, vitesse lente, déclenchements au deuxième rideau). Photo réalisée sans aucun trucage, ni retouche postérieure. Photo © Gérard Planchenault / Agence Regards du Sport – Vandystadt.com Réf. photo n° 23553
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Avant de mettre un point final à cet article, il est impossible de ne pas évoquer cette photo emblématique créée par Gérard Vandystadt en 1990, et comme d'habitude, non retouchée ;) Le gardien argentin Nery Pumpido en action dans un espace de lumière Football : Le gardien Argentin Nery Pumpido en action lors de la Coupe du Monde 1990 à Milan, Italie. Photo © Gérard Vandystadt / Agence Vandystadt.com Réf. photo : n° 6063 |
Cette photographie très connue, publiée partout dans le monde depuis 1990, a souvent été soupçonnée d'avoir été "trafiquée" (?) Bien sûr, il n'en est rien ! Elle a été réalisée en hauteur depuis les tribunes du public, dans un périmètre de sièges réservés à de nombreux photographes de presse. C'était ce match d'ouverture de la Coupe du Monde de football 1990, à Milan, en Italie : Argentine - Cameroun. Le Moment Photo de, et raconté, par Gérard Depuis le début du match, le soleil jouait avec les hautes infrastructures du stade et ses rayons se promenaient régulièrement sur la pelouse... ici ou là. Assis, je travaillais au 400mm avec, sur les genoux et au sol, d'autres appareils... dont mon tout nouveau 200mm Canon f/1.8 (pour les matches de nuit). Ayant repéré l'avancement d'une éclatante et superbe tache de lumière progressant en direction parfaite du but du gardien argentin, je pris (discrètement) la mesure de la lumière après avoir repéré le cadrage d'une... future photo à faire avec le 200mm. Mes voisins photographes ne devaient surtout pas repérer mon manège et deviner mes intentions. J'espérais bien qu'ils suivraient le match, bien assidûment au gros télé, de l'autre côté du terrain où la partie se jouait, et qu'ils ne verraient pas le soleil... se déplacer et bientôt grimper à l'assaut des poteaux et du filet blanc! Le soleil progressait à vue d'œil et, avec le 200mm prêt à shooter, mais toujours "négligemment" posé sur mes genoux, je faisais mine de suivre le match au 400 de l'autre côté, comme tous les autres photographes. Mais avec un œil vers le but argentin ;) Au moment T, quand le soleil fut parfaitement à l'aplomb de la cage, je saisis (toujours discrètement), le 200mm... Et attendis encore (de stressantes secondes), que le gardien "se bouge"... au centre du rayon de lumière ! Le soleil commençait déjà à redescendre de l'autre côté du but immaculé... Soudain il s'élance enfin, en une seconde je braque l'objectif, cadre et appuie deux fois... C'est fini, personne ne m'a vu prendre "ma" photo. Ensuite, il ne se passera plus rien. Le gardien ne bougera plus de façon significative, et la tache de soleil quittera discrètement la cage... PS. : Il y avait environ 2 diafs d'écart entre l'ombre (bien sombre) et la partie ensoleillée. J'avais en plus volontairement sous-exposé de près d'un diaf le réglage (manuel). Car la photo à faire c'était ça : un fort contraste ombre/lumière avec, dans le soleil, une potentielle belle action du gardien... en prime! |